Elle reste haute de peripeties, d'episodes imprevus, de rencontres surprenantes. Pourquoi c’est beaucoup de (se) la raconter tel un roman.
On claque toutes un brin
Se raconter des histoires, ca nous connait : il me regarde, je lui plais, elle ne m’aime pas, il va m’epouser/m’engager/m’augmenter/me donner une promotion. On marche une vie a ca. Ces « reveries » comme nos appelle le psychiatre et psychanalyste Serge Hefez, nous aident a vivre, a esperer, a dejouer l’adversite. On s'fait votre film, 1 petit cinema dont on est l’actrice principale. Le jour de notre mariage ou d'la naissance de nos enfants, on devient une heroine pour de vrai. Ils font des grands moments qui ouvrent ou ferment des chapitres en beaute. Parfois, la realite nous malmene aussi on la triture et on la reecrit Afin de tenir finir en attendant des temps meilleurs. Ce n’est qu’un episode, le suivant va etre plus cool.
On reve, on interprete votre regard ou votre propos, on le decortique, on adopte une posture desinvolte si l'on reste rongee par le trac, on sourit si l'on a l'envie de mordre… Question de survie. Afin que ca roule, on doit y croire un brin. On avance tel ca en reecrivant constamment notre role, notre personnage et donc notre existence. Ce n’est nullement une question de volonte mais de survie : la machine a fantasmes nous aide a tenir debout et parfois a ecrire des pans entiers totalement inedits de notre life. Pour accomplir des exploits, remporter des batailles, on doit commencer via imaginer qu’on en est capable. « S’y croire », comme disent les enfants. En toute lucidite, naturellement.
En outre, franchement, plus coi»te faire envie que pitie, aussi on se donne le beau role aussi si l'on a ete nulle. Si les autres y croient, c’est i chaque fois ca de commande pour l’ego. On raconte la replique qu’on a balancee du tac au tac a 1 superieur hierarchique qui nous envoyait bouler, aussi qu’en fait on est restee muette d’humiliation. Qu’importe la veracite, de toute facon personne n’y est ! Il suffit que votre soit quand meme un tantinet vraisemblable. Que celle qui n’a vraiment jamais peche nous jette la premiere pierre.
Ces petits accommodements avec le vrai ne font aucune en gali?re. Il ne s’agit pas de mentir mais d’enjoliver. De raconter notre vie en rose plutot qu’en gris. Si ca nous aide a dejouer nos angoisses ou a rafistoler une estime sans dire en baisse, c’est bon. Tant qu’on ne s’y perd gui?re, bien va beaucoup. Cela n’y a que les grands malades comme des vrais paranoiaques ou les mythomanes (jamais nous, donc) pour ne plus savoir discerner le bon du faux.
Le roman familial, un besoin vital
Notre life psychique se fiche eperdument en realite. D’ailleurs, cela est grand pour l’un ne l’est jamais Afin de un nouvelle. L’un oublie ce que l’autre lui a devoile la veille et jure ses grands dieux qu’il se trompe. L’autre raconte une enfance malheureuse aussi que, vu de l’exterieur, elle est dine app plutot epanouie. Apres une rupture, nos anciens amoureux « Afin de la vie » ont completement oublie leurs serments et chacun reecrit l’histoire a une maniere. Inutile de souligner que les deux versions coincident rarement. Et peu importe, au fond. Ce qui compte c’est ce que l’on ressent. Les sentiments et des emotions qui nous envahissent et nous structurent et donnent leurs couleurs aux peripeties de notre vie. Ils ont ete faconnes avec ce qui nous fut donne a Notre naissance. Et puis, 1 jour, il y a eu votre que les psys appellent « le roman familial ». L’histoire farfelue que se racontent les enfants Afin de percer le mystere de leurs origines, quand ils s’imaginent que leurs « vrais » parents ne sont gui?re ceux qu’ils appellent Papa et Maman mais un roi et une reine. On l’a tous fait, on l’a souvent oublie, mais c’est comme ca qu’on s’est construits. Apres, on se fabrique un patchwork identitaire a partir de votre que les uns et les autres nous racontent concernant une famille. Et on enrobe l'article avec ce que l’on puise dans la litterature, le cinema, la musique et le theatre qui nous aident a tomber sur nos sensations qui nous permettront de rever quelque peu notre vie ainsi que l’accommoder et de l’ecrire a notre sauce. Roman d’aventures, histoire fleur bleue, comedie ou une tragedie, par rapport aux moments.
Parfois, ca bloque et la page demeure blanche. Si ca dure trop, si on n’arrive plus a imaginer l’avenir, a faire des projets, a rever, c’est grave. Ca veut penser que le desir n’est plus au rendez-vous. On deprime, on rate, on est malheureuse. Il faudra vite chercher de l’aide.
Mes psys seront la pour ca. Pour nous aider a saisir ce qui nous empeche. Cette espece de panne de l’ecrivain qui nous paralyse. Lorsque l'on n’a plus de « jus », il convient le retrouver. Parfois, ca passe par un long travail sur soi dont de nombreuses ceux qui l’ont effectue disent que c’est une excellente traversee et un voyage interieur intelligent. Un chapitre de un roman personnel.